Un Tinder du sport aurait-il de l’avenir?

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Un Tinder du sport aurait-il de l’avenir?

Antoine Grynbaum — 15 mars 2021 a 10h03

La specialisation d’une appli de rencontre peut presenter des avantages, mais elle reduit mecaniquement le nombre d’inscrits.

Temps de lecture: 4 min

Avec le confinement, certaines personnes en proie a l’isolement se sont davantage tournees vers les sites de rencontres qu’a l’accoutumee. D’autres ont jete leur devolu sur les activites physiques. Pourquoi pas, des lors, croiser les deux pratiques? A quoi ressemblerait un dating du sport?

A priori ce type de pratiques semble viser une population de niche qui cadre peu avec la promesse avancee par les applis de rencontres telles que nous les connaissons jusqu’ici: un outil dedie a la multiplication des matchs le plus rapidement possible. Etablir un profil revient souvent a ne choisir qu’entre trois ou quatre criteres: le sexe, le genre, l’age et la geolocalisation.

Du gagnant-gagnant

Aglae Plunian est attachee de presse de Once, une appli de slow-dating qui ne propose qu’un seul pretendant par jour. Elle estime que la combinaison entre sport et seduction peut etre un succes: «Le sport peut creer un point de rencontre, meme si cela se fait de facon un peu biaisee. L’activite physique peut-etre un sujet de discussion voire une passion commune, comme lorsqu’on se retrouve a un cours de cuisine pour celibataires. Avec le teletravail et le chomage partiel, c’est presque le seul loisir que l’on peut exercer en exterieur. Faire du sport et rencontrer quelqu’un, c’est un peu du gagnant–gagnant. En ce moment, pour se sentir bien on a besoin de sociabiliser, a travers un ecran ou en faisant du sport.»

Pour savoir si un Tinder du sport correspondrait vraiment a la situation actuelle et si une appli de dating sportif pourrait se reveler rentable, la direction de Tinder nous a fourni une partie de ses donnees:

    https://datingavis.fr/omegle-avis/

  • En France, pour les 18-25 ans, la categorie «sport» est le quatrieme interet le plus populaire ajoute aux biographies Tinder, et «athlete» arrive en sixieme position.
  • Le sport le plus populaire est le football, suivi du ski, du work out, de la randonnee et de la course a pied.
  • En 2020, l’occurence «sport» a atteint son sommet en juillet et son niveau le plus bas en decembre (-22% de mentions en decembre 2020 par rapport a juillet 2020).
  • Le sport est cite trente fois plus souvent que le Covid dans les profils en avril 2020.

Tinder souligne que l’objectif de l’appli consiste a elaborer «une communaute inclusive pour ses membres» et que les principaux filtres de l’application sont aujourd’hui «le sexe, le lieu et l’age». «Notre objectif est de mettre en relation des personnes qui n’auraient peut-etre pas ete amenees a se rencontrer dans la vraie vie. Et nous sommes fiers de la diversite de notre communaute et de la facon dont elle contribue a eliminer les barrieres geographiques, culturelles et historiques traditionnelles qui, par le passe, limitaient les personnes que nous pouvions rencontrer.» Le message est clair: ne pas trier en fonction des asperites et elargir le plus possible la communaute des utilisateurs. Il n’est donc absolument pas question d’une section 100% sportive pour le moment.

Le sport, une emulation

Sportif et joueur de tennis de 38 ans, Philippe est inscrit sur Tinder depuis cinq ans. Il y a quelques annees, il se connectait une heure et demie par jour. Desormais son rythme s’est reduit a 5 ou 10 minutes quotidiennes. D’un recent match, il raconte avoir ete «ebloui» par le fait que la jeune femme pratiquait le trail. «Ce type de profil m’attirera toujours. Si je pourrais m’inscrire sur un site de dating sportif? A 25 ans j’aurais dit oui, mais connaissant la realite des choses, une femme qui fait de la peinture, sympa et jolie, ca m’irait tres bien egalement.»

Florian Marim, lui, a cree son site de rencontres sportives a destination des heteros: Sport RD. «Quoi de mieux que de tisser des liens grace au sport, qui transmet des valeurs essentielles: la tolerance, le respect, l’honnetete, l’honneur, le courage, vante la page de presentation. L’interet est de trouver des partenaires sportifs et, pour les celibataires, d’avoir la possibilite de faire des rencontres.»

Le fondateur du site argue que le sport est de plus en plus a la mode, et qu’avec le Covid il a constate une hausse du nombre d’inscrits. «Il y a de l’emulation a faire du sport avec quelqu’un qui te plait, avec un homme ou une femme qui a le meme niveau que toi… Et si, en plus, le feeling passe. »

Dans l’ombre des leaders

L’idee d’un Tinder du sport n’est pas un cas isole. D’autres applis cherchent deja a s’adresser a telle ou telle communaute. S’adapter a un public specifique, est-ce l’avenir? Aglae Plunian, de Once, qui revendique 3 millions d’utilisateurs en France et 9 millions dans le monde, n’en est pas certaine: «Cela peut etre rassurant pour certaines personnes, qui aiment le sport, les echecs, les chats… Mais faire une belle rencontre, c’est aussi le fruit du hasard. Je peux etre fan des Beatles, et rencontrer quelqu’un qui les deteste. Et pourtant, on peut malgre tout vivre quelque chose de formidable… Sur le long terme, cela ne peut pas etre le seul argument. C’est aussi ca, la magie des relations humaines.»

Des adeptes de l’activite physique se sont-ils deja rencontres sur des sites de dating en prenant en consideration cette caracteristique? Par un concours de circonstances, certes. Mais Tinder et les autres grandes applications absorbent un volume d’hommes et de femmes qui restera hors de portee pour leurs petites s?urs. Philippe en a fait l’experience: «Pour avoir deux ou trois rendez-vous, il faut discuter avec vingt femmes. La question du volume se poserait clairement sur un Tinder du sport.»

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