Mes applis de rencontre auraient tue le romantisme, seraient envahies par les hommes et leurs algorithmes savants constitueraient la panacee pour trouver The One. C’est du moins ce qu’on nous raconte depuis des annees. Car toutes ces histoires autour du dating online tiennent surtout d’la mythologie, avance la sociologue Marie Bergstrom, dans «Les nouvelles lois de l’amour» (Ed. J’ai Decouverte).
«Il y a davantage d’hommes que de dames i propos des services de rencontre.» Completement faux!
«Les applis de drague ont defonce des codes entre les genres.» FAUX! En fait, elles nos renforcent.
Sophie Bergstrom: online, ils font souvent votre sentiment qu’on peut etre qui on veut, qu’on pourra s’affranchir des attentes sociales et des roles sexues. Or, sur ces sites, nos codes lies aux genres sont toujours bien presents, avec la reproduction online d’la double norme d’une reserve feminine et de l’initiative masculine. En depit de l’apparente liberte offerte par le web, ces dames ont tendance a etre plus attentistes, etant entendu que c’est a toutes les hommes de briser la glace.
Toutefois, en plus de reproduire votre repartition simple des roles, la toile va nos exacerber. Hors ligne, durant une soiree chez des amis, ou dans un bar, il n’est pas forcement tres aise de determiner qui a fera le premier jamais. Ils font en effet pu y avoir des regards, de discretes allusions, des gestes qui traduisent une attirance, une attention, avant qu’on ait pu verbaliser son interet. En revanche, i propos des applis de dating, vous devez initier un premier contact pertinent, concret pour avoir une chance de coder votre lien. Or, on sous-entend souvent que votre demarche revient a l’homme.
«Il ne s’agit nullement juste d’une convention decoulant des habitudes, puis d’une mesure de precaution pour les femmes. Celles-ci ont la possibilite de ainsi conserver une marge de controle, ne pas donner l’impression d’etre trop actives, ainsi, ne pas etre empechees de dire non si besoin. Faire le premier pas peut mener a etre percues comme inconditionnellement disponibles.»
«Pour reussir a faire matcher les individus, les applis de rencontre s’appuient via des outils et des savoirs valides par les experts.» Pas tant que ca.
MB: La plupart des concepteurs des applis le reconnaissent, ils n’ont aucune competences particulieres en matiere de relation amoureuse ou de sexualite. En depit des discours marketing, y n’y a pas d’expertise reelle. On va pouvoir deja signaler que la plupart des concepteurs et des responsables de blogs de rencontre sont des hommes. Cette situation est due au fera que des formations conduisant aux metiers de l’informatique ont des effectifs a 80% masculins.
Ils mettent donc un marque, inconsciemment, sur le service qu’ils developpent, avec une conception de l’amour i nouveau largement teintee du avis heterosexuel masculin. Et puisque le mimetisme est vraiment entre les sites de rencontre – ceux-ci se copiant nombre entre eux a defaut d’expertise averee a suivre –, cette vision en relation amoureuse ou sexuelle va impregner la quasi-totalite du paysage du dating online.
«Des lors, une forme d’incertitude se cree sur la nature d’la demande des usagers, en particulier concernant ce que veulent les femmes. Elles sont percues comme une population compliquee. Pour leur amener sexualite, nos sites vont etre prudents et pudiques, croyant qu’une evocation trop crue ou directe pourrait les choquer.»
«Il y a davantage d’hommes que de femmes i propos des services de rencontre.» Faux!
MB: Mes hommes paraissent souvent convaincus d’etre en surnombre avec rapport a toutes les dames et donc d’etre mis dans une position de concurrence feroce. Or, il y a autant d’utilisateurs feminins que masculins. Cette croyance decoule sans doute d’une lecture fort homme hetero d’une mecanique amoureuse, partagee par les concepteurs des applis, laissant entendre que les femmes paraissent moins interessees par nos rencontres Sur les forums, via le flirt, ou avec les idylles d’une nuit.
Il pourrait i?tre ainsi necessaire de les inciter a s’inscrire, par exemple en instaurant la gratuite de l’inscription pour les femmes. On croit que les hommes doivent payer parce qu’ils sont trop nombreux? C’est parce qu’on reste persuade qu’eux seuls seront prets a debourser quelque chose concernant approcher quelqu’un sur internet…
«Les applis de rencontre ont tue l’amour romantique.» Erreur.
MB: Les services de rencontre se situent aujourd’hui dans le top 5 des lieux ou se forment nos couples. Ils participent ainsi activement a la formation de duos durables. On ne va malgre tout nier que Notre democratisation des applis de drague s’est accompagnee d’une hausse du nombre de rencontres ephemeres. Toutefois, une telle augmentation n’est pas la consequence de m?urs qui seraient devenues plus debridees, plus consumeristes, plus hedonistes a cause d’internet.
En fait, ces services peuvent permettre surtout de concretiser des envies qui, auparavant, existaient mais ne pouvaient se composer. C’est franchement plus facile de s’engager de suite dans des relations via ces sites ainsi que s’en desengager, car les gens qu’on rencontre se trouvent en dehors de nos cercles de sociabilite habituels. On peut ainsi avoir des relations d’un soir, ainsi, les multiplier, sans attirer les regards, sans etre juge. Cela s’agit frequemment de gens qu’on ne reverra nullement et que les cercles de sociabilite habituels ne croiseront pas. Ce paraissent des histoires qui ne risquent aucune faire des histoires.
Cette discretion, d’ailleurs, profite surtout aux femmes, qui seraient, en temps normal, taxees de filles faciles. En ce qui, les applis de dating seront similaires aux lieux de vacances, eux aussi en dehors du contexte de l’integralite des jours. C’est donc la configuration, votre privatisation du cadre une rencontre, qui favorise la relation ephemere, qu’elle soit anticipee ou non. Il n’existe aucun sexualite 2.0. Mes m?urs, nos valeurs, n’ont pas ete transformees par les applis de drague.
«L’image reste plus importante que l’ecrit.» Pas encore.
MB: Certes, l’image a acquis une plus grande importance qu’auparavant, car le fonctionnement des applis est reellement axe sur l’aspect visuel. Toutefois, cela n’a gui?re amoindri le caractere essentiel de l’ecrit. Malgre les «matches», qui peuvent debuter via une attirance physique d’apres photo, tout commence vraiment via un message.
«Et l’article a votre role determinant. Entrent en effet en compte nombre de considerations ainsi que jugement sociaux. Le vocabulaire, le ton, l’orthographe, le type, fonctionneront comme autant de repoussoirs ou d’atouts de seduction. Cela ne faut nullement negliger claque que nos plus jeunes utilisent essentiellement leur telephone profils datingcom Afin de s’ecrire.»
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